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Roman
Né de la noblesse danoise sous l’empire de Frédéric II, Tycho Brahé connaîtra un destin peu commun. Donné à son oncle par son père alors qu’il est encore bébé, Tycho Brahé grandit dans un univers de mensonges familiaux. Alors qu’il s’amourache de sa sœur, qu’il pense être sa cousine, on lui refuse cet amour et Brahé se réfugie dans l’astronomie et en fait sa passion. Rebelle, il rejette le destin qui lui était réservé, fuyant les mondes religieux et militaire, refusant de courir les honneurs de la royauté et s’opposant radicalement aux injonctions d’études de son père. Il finit par se marier sans l’accord de ses parents à une femme du peuple avec qui il aura plusieurs enfants. Obsédé par le ciel et son observation, il fabrique de nombreux instruments – Galilée en reconnaît même la précision –, dont le premier observatoire qu’il bâtit sur l’île de Hveen. C’est à l’emploi de Rodolphe II à Prague que Brahé fait la connaissance de Kepler qu’il engage comme assistant.
Tycho Brahé. L'homme au nez d'or, Chardak, Henriette , Paris, p.484, (2004)Le manuscrit de Busby, découvert par le narrateur James Scott Bell, est maudit : tous ceux qui se retrouvent en sa possession sont assassinés systématiquement, du moins jusqu’à ce que Bell s’en empare sous la protection des policiers et décide de le publier. Dans ses confessions, sir Max Busby relate les évènements qui l’ont mené, durant son adolescence, à assassiner son père, homme cruel, autoritaire et vindicatif,
The Darwin Conspiracy : the Confessions of Sir Max Busby, Scott Bell, James , Nashville, p.264, (2002)Écrit par un théologien allemand, ce roman pour le moins inégal se divise en sept chapitres, chacun reproduisant sur le mode du journal intime les « confessions imaginaires » d’un Giordano Bruno en attente d’être exécuté. S’échelonnant du 26 au 31 décembre de l’an 1599 (l’auteur explique à la fin de son livre que l’élimination du savant était d’abord prévue pour le 1er janvier 1600), le récit offre les mémoires d’un homme
Le testament d'un hérétique ou la dernière prière de Giordano Bruno, Drewermann, Eugen , Paris, (1994)Dans le but de comprendre son mari Bernard, physicien et ingénieur de renom tombé en catatonie — on ne sait trop pourquoi au début —, Irène s’initie aux sciences naturelles par l’intermédiaire d’un journaliste scientifique nommé Léo. Le fil conducteur de l’intrigue est la récapitulation de l’histoire des sciences, des présocratiques à Einstein, pour
Le principe du tire-bouchon, Haddad, Leila , Paris, p.433, (2005)La mesure du monde raconte les tribulations de deux astronomes, Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre, connus surtout pour avoir fait, avec le mètre, une « mesure universelle ». Partis de Paris en juin 1792, l’un vers Dunkerque l’autre vers Barcelone, ils vivront de nombreuses aventures, plus périlleuses qu’on pourrait le croire a priori pour une expédition scientifique de cette nature. Le contexte historique de la Révolution française, notamment, les
La mesure du monde, Guedj, Denis , Paris, p.302, (1997)Le narrateur de La procédure, Victor Werker, chimiste de formation, qui s’est intéressé de près à la biologie, a réussi l’impossible : donner vie à la matière inanimée, qu’il a nommée « éobiont ». Une forme de vie autonome extrêmement simple de la taille d’un virus, mais néanmoins créée artificiellement. Ce travail suscite l’admiration de nombreux chercheurs, mais aussi la haine de
La procédure, Mulisch, Harry , Paris, p.287, (2001)En tant que tel, le roman La chair de pierre ne met pas Galilée en scène comme personnage de fiction. On y raconte plutôt l’histoire tumultueuse d’une autre figure historique, assez importante dans l’histoire de la Nouvelle-France bien que très peu connue : Claude Baillif, compagnon tailleur de pierre d’abord, Maître-charpentier de la Confrérie de Saint-Joseph ensuite et premier architecte, enfin, à œuvrer outre-Atlantique. Avant de l’installer en Nouvelle-France, où, entre autres monuments, il érigera « la première cathédrale sur les terres sans limites de l’Amérique du Nord », le récit promènera le susnommé Baillif sur les routes françaises, puis italiennes, nous laissant voir ce jeune initié d’origine modeste, mais de nature curieuse, s’extasier devant les joyaux architecturaux de la vieille Europe. La contemplation esthétique du jeune homme se doublera alors de fugitives méditations sur d’aussi sérieux objets que la raison cartésienne ou l’essence de la Beauté. Chemin faisant, Baillif rencontrera Galilée : en pensée, à travers les mots d’un maître-charpentier pisan qui lui raconte, une nuit, l’histoire héroïque de l’homme de science ; par la chair, très fugitivement, à travers le corps d’une certaine Giana, la « bâtarde de Galileo, la consolation de ses vieux jours, celle qui l’avait aidé au trépas » ; par la matière, dans les conceptions de l’art et les réalisations de l’artisanat.
Néanmoins, Galilée, comme figure emblématique du savant critique (envers les dogmes religieux surtout), rationaliste et sensible, occupe une place non négligeable dans l’univers du roman. Concrètement, son illustre présence se fait surtout sentir au fil des pérégrinations de Baillif, chapeautant ses réflexions, cautionnant ses recherches, visant l’harmonie des formes, assoyant ses propres compétences architecturales sur une conception très matérielle, voire mathématique, du monde.
La chair de pierre, Folch-Ribas, Jacques , Paris, p.233, (1989)Ce roman de Jeanette Winterson raconte, dans l’ordre et dans le désordre, l’histoire de Josiah Dark, qui fit construire en 1828 un phare dans le petit village écossais de Salts; de son fils, Babel Dark, un pasteur qui rencontra Stevenson et Darwin au cours de sa vie mystérieuse; des Pew, gardiens de phare aveugles de père en fils; mais surtout, de la jeune Silver. Devenue orpheline à 10 ans, Silver fut recueillie par M. Pew qui
Lighthousekeeping, Winterson, Jeanette , Toronto Londres, p.232, (2004)Avec L’Homme incendié, Filippini accomplit un tour de force dont peu d’auteurs peuvent se vanter : incarner les enjeux scientifiques d’une époque à travers la voix d’un savant tout en offrant un objet littéraire d’un intérêt évident. Le lecteur est plongé à Tor di Nona, prison romaine où Giordano écoule les derniers jours qu’il lui reste avant d’être brûlé vif par l’Inquisition. À
L'homme incendié. Le roman de Giordano Bruno, Filippini, Serge , Paris, p.382, (1990)Polar utilisant toutes les ressources du genre, La case de l’oncle atome se déroule en 1942, alors qu’Albert Einstein travaille à Princeton. Le physicien, qui savait réellement jouer du violon, doit donner un concert pour une œuvre de charité et des indications laissent croire que des nazis tenteront de l’assassiner. Toby Peters, détective spécialisé dans la protection de vedettes hollywoodiennes, est engagé pour le protéger.
La case de l’oncle atome, Kaminsky, Stuart , Série noire, Paris, p.314, (1988)Roman débridé où un certain Howard Hordinary (on pourra y voir un clin d’œil à Harry Houdini qui y apparaît aussi), bourreau au chômage, utilise sa chaise électrique pour voyager dans le temps. Ces voyages permettent en fait de raconter l’histoire de la chaise électrique à travers ses inventeurs, soit Edison (nommé plus tard Godison et Westinghouse), et les condamnés qui ont subi ce supplice.
Chair électrique, Claro, Christophe , Paris, p.158, (2003)Le théorème du perroquet se présente comme un roman policier dont les mathématiques seraient la clé. Un certain Pierre Ruche reçoit en héritage de son ami Grosrouvre une immense bibliothèque entièrement consacrée aux œuvres de grands mathématiciens. Mais Grosrouvre, déménagé depuis longtemps à l’étranger, est mort dans des circonstances mystérieuses et Pierre Ruche veut élucider le mystère. Pour ce faire, il doit se remettre à l’étude des mathématiques.
Le théorème du perroquet, Guedj, Denis , Paris, p.525, (1998)Ce roman bolivien raconte une autre Amérique du Sud, loin de Borges et de García Marquez, des gauchos, des explorateurs. Il raconte plutôt un monde écartelé entre pauvreté, modernité, haute technologie et instabilité politique, où personne n’est jamais complètement innocent. Le personnage central de ce récit se nomme Miguel Sáenz ou plutôt Turing, surnom qui lui a été donné par Albert, son patron et mentor à la Black Chamber, où il travaille comme « cryptanalyste » pour le gouvernement bolivien (dictatorial ou démocratique, selon les époques). Mais le temps des grands exploits est révolu, depuis la chute du dictateur Montenegro (il est désormais démocratiquement élu) : Albert est mourant et s’imagine (?) être l’incarnation de tous les grands « cryptanalystes » et cryptographes de l’histoire occidentale, alors que Turing a été relégué aux archives du sous-sol par le nouveau patron, Ramirez-Graham. En parallèle, la fille de Turing, Flavia Sáenz, une cyberjournaliste spécialisée dans le monde du piratage informatique, se retrouve au centre d’une intrigue impliquant la Résistance, un groupe de cyberactiviste dirigé par le mythique Kandinsky, qui voit ses membres assassinés (de l’intérieur?). De plus, Ruth Sáenz, femme de Turing et professeur de l’histoire de la cryptographie, décide de confesser les actions de son mari durant la dictature, afin d’apaiser sa conscience. Pour ce faire, elle se confit au juge Cardona, qui a toujours voulu venger la mort de sa jeune cousine activiste. Tous ces personnages, liés entre eux, ont un passé souvent lourd à porter, une vengeance à assouvir, une mission à accomplir. Aucun ne trouvera la paix dans le cercle de la violence des coups d’État et des révoltes sociales. Bien sûr, tout se finit dans un bain de sang.
Quelque part au début du XXIe siècle, en 2005 sans doute, une jeune femme, inconnue, dans une ville indéterminée, entre dans un bâtiment, cogne à une porte, passe par une salle d’attente un peu mystérieuse et entre dans une pièce où se trouve Albert Einstein, avec un tableau noir et son violon. Durant un long moment (plusieurs heures?), ils s’entretiendront de physique (surtout), d’histoire et de philosophie (un peu).
Einstein, s'il vous plaît, Carrière, Jean-Claude , Paris, p.253, (2005)Antichthon est un mot d’origine grecque qui signifie « antimonde », soit un monde à l’opposé du nôtre dans le système solaire. Le roman du Canadien Chris Scott s’inspire des théories de « l’hérétique » Giordano Bruno qui prenait justement le contre-pied, à son époque, de la conception traditionnelle du monde étoilé. Il y relate de façon épisodique la vie, l’emprisonnement et le procès de cet homme de science,
Antichthon, Scott, Chris , Dunvegan, p.296, (1982)Dans Einstein et Sherlock Holmes, Alexis Lecaye met en scène le héros de Conan Doyle et un tout jeune Einstein – nous sommes en 1905, l’année où son nom commence à circuler dans les cercles de physiciens. Un groupe de savants, qui forme une espèce de secte et s’est donné le nom de « Perpetuum Mobile », travaille depuis des années à l’invention d’une machine
Einstein et Sherlock Holmes, Lecaye, Alexis , Paris, p.313, (1996)Dans cette « autobiographie », Dieu parle, raconte, narre son histoire sur 2000 ans et se souvient. Loin de chercher à renouveler ses disciples, à s’assurer la fidélité de ceux qu’il a déjà ou à nous imposer une nouvelle religion, il tente plutôt de déconstruire les mythes, légendes et superstitions qui l’ont érigé, de démentir les idées reçues à son sujet, et de
La création. Autobiographie de Dieu, Ferrucci, Franco , Paris, p.353, (1990)Emma Darwin, enceinte depuis deux ans de son mari Charles qui l’a quitté pour une jeune étudiante du nom de Scarlet Charlotte, élève seule ses deux enfants. Malgré l’aide d’une travailleuse sociale, Dorothy Pageant, et la prise d’antidépresseurs, elle tente de se suicider peu après la naissance de son enfant, Ralph Waldo Business Administration, qui a de graves problèmes neurologiques. Ce désespoir est également nourri par la mort de sa
Charles Darwin in Cyberspace, Burch, Claire , Oakland, p.339, (2005)Dans un ouvrage qui a tous les ingrédients de la biographie romancée, Harsanyi propose un récit linéaire qui met en scène la figure de Galilée, commençant par sa jeunesse tourmentée, ses ennuis financiers et professionnels, son professorat à Pise et à Padoue, puis son retour en Toscane et sa honteuse abjuration de ses convictions devant le tribunal ecclésiastique. Scrupuleux dans sa description d’un personnage intéressant par
The Star Gazer, Harsanyi, Zsolt , New York, p.572, (1939)Cet énorme roman (seule l’édition française établit le texte en trois tomes) raconte l’histoire parallèle, à la fois dans le temps et dans l’espace, d’un groupe d’hommes d’affaires technophiles, as d’informatique et le groupe de Bletchley Park, dont faisait partie Alan Turing, qui résolut le code Enigma employé par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. Les spécialistes de la technologie veulent établir un paradis informatique (à la manière des paradis fiscaux) sur l’île de Kinakuta, Turing occupe dans ce roman les fonctions qui étaient effectivement les siennes, à savoir la direction de l’équipe de décryptage de Bletchley Park. Il travaille à la création de la « machine de Turing », à la théorie des fonctions calculables, etc. Toutefois, Stephenson se permet d’extrapoler sur les propos de rencontres entre Turing et Churchill, simuler une relation homosexuelle avec un compagnon fictif.