Rubriques
Einstein et Sherlock Holmes
Type de publication:
BookAuteurs:
Lecaye, AlexisSource:
Payot, Paris, p.313 (1996)Texte complet:
Dans Einstein et Sherlock Holmes, Alexis Lecaye met en scène le héros de Conan Doyle et un tout jeune Einstein – nous sommes en 1905, l’année où son nom commence à circuler dans les cercles de physiciens. Un groupe de savants, qui forme une espèce de secte et s’est donné le nom de « Perpetuum Mobile », travaille depuis des années à l’invention d’une machine dont la fonction est de créer un mouvement perpétuel. Deux d’entre eux seront assassinés d’une manière sadique qui dénote de sérieuses connaissances scientifiques de la part du meurtrier. Par qui et pourquoi? Sherlock Holmes décide de sortir de sa retraite pour résoudre l’affaire. C’est à la recherche de pistes, de projets scientifiques déposés par Perpetuum Mobile que le détective fouille le Bureau des Brevets où il fait la rencontre du jeune Einstein.
Bien qu’elles ne participent qu’indirectement à l’enquête, les connaissances d’Einstein permettront d’élucider l’énigme en donnant à Holmes l’occasion de développer certaines de ses intuitions. En revanche, ce sont les préceptes méthodologiques de Holmes qui le conduiront à penser la théorie de la relativité, même si elle bouscule toutes les idées reçues.
On ne s’étonnera pas que le physicien soit associé à Sherlock Holmes, le détective symbolisant le roman policier dit « à énigme » ou de la « chambre close ». C’est bien la résolution d’une affaire obscure à partir d’une réflexion objective, reposant sur des faits empiriques, qui caractérise ce type de roman policier, qu’on peut lier tout naturellement à la pensée scientifique telle qu’elle est traditionnellement perçue. Mais l’originalité d’un détective comme Holmes et d’un physicien de la trempe d’Einstein, ne peut se limiter à une subtile compréhension des faits : elle requiert également une imagination permettant de poser des hypothèses qui ne viendraient à l’esprit d’aucun autre enquêteur, scientifique ou non. Le roman se fait fort de le démontrer.
D’une facture agréable sans être très novateur, le roman se lit sans déplaisir et pourra attirer un lecteur adolescent intéressé par les romans policiers, aussi bien qu’un public adulte amateur de Sherlock Holmes (l’auteur connaît manifestement les aventures du héros de Conan Doyle).