Rubriques
Présentation
Les sciences ont toujours participé activement à la métamorphose de notre monde, provoqué des chocs culturels, bouleversé les conservatismes, que ceux-ci concernent l’institution sociale dans son ensemble ou le sujet singulier. Le scientifique est lui-même un être qui n’est pas coupé du monde, contrairement à un cliché trop fréquent. En ce sens, il va de soi, même si l’affirmer paraît parfois encore étonnant aux yeux de certains, que les sciences font partie de la culture, au même titre que la littérature, le cinéma, le théâtre ou la peinture. La part de subjectivité y est moins grande que dans les domaines artistiques, mais cela n’empêche en rien un fait fondamental : grâce à elles, depuis des siècles, nous repensons les frontières de notre univers, aussi bien que les manières de le percevoir.
La littérature permet d’énoncer les contradictions, voire les apories, le non-dit aussi bien que les évidences les plus monstrueuses du discours social, il est naturel, dans cet esprit, qu’elle rende compte de ce qui se dit, de ce qui se pense des sciences au sein de la société. Par ailleurs, proposant un univers imaginaire où tout peut potentiellement s’inventer, elle illustre, à l’intérieur d’un cadre narratif précis, ce que nous pourrions appeler la part de fiction des sciences, les marques d’un imaginaire scientifique, lequel est aussi invention et création. On ne dira jamais assez à quel point les sciences produisent un imaginaire qui englobe et traverse la façon dont une société conçoit la réalité, perçoit le monde qui l’entoure, construit le futur. Cataclysmique ou idyllique, l’avenir des collectivités est toujours redevable aux sciences; négative ou positive, notre intelligence du réel, notre manière de nous adapter à ce qui nous entoure, à raisonner notre univers, leur doit énormément.
La fiction permet d’exprimer les modalités d’un imaginaire scientifique en augmentant aussi les possibilités de ses mises en scène (et en mettant davantage en lumière son pouvoir symbolique). Parler de « récit de science » consiste également à voir dans les sciences une narration; quelque chose non pas qui se « fait » uniquement, mais aussi qui se dit, qui est de l’ordre du langage: qui se démontre, se déconstruit, relève parfois de la polémique, dont on peut analyser les apories comme les enjeux de légitimation. Telles sont les principes à partir desquels se développe le travail du groupe de recherche.