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La case de l’oncle atome
Type de publication:
BookAuteurs:
Kaminsky, StuartSource:
Série noire, Gallimard, Paris, p.314 (1988)Texte complet:
Polar utilisant toutes les ressources du genre, La case de l’oncle atome se déroule en 1942, alors qu’Albert Einstein travaille à Princeton. Le physicien, qui savait réellement jouer du violon, doit donner un concert pour une œuvre de charité et des indications laissent croire que des nazis tenteront de l’assassiner. Toby Peters, détective spécialisé dans la protection de vedettes hollywoodiennes, est engagé pour le protéger.
Si la structure narrative est mécanique et peu originale, le roman de Kaminsky offre un portrait d’Einstein qui échappe à la caricature. Homme inquiet et lucide, fatigué par les errements de l’humanité, marqué par un certain désabusement, le personnage paraît crédible, même si le trait est parfois un peu forcé.
Le propos du roman de Kaminsky, dans lequel Einstein est aux prises avec des nazis, insiste sur la dimension politique. L’ouvrage reprend une association fréquente (y compris dans la fiction) entre Albert Einstein et la bombe atomique, mais pour en montrer en réalité l’absence de fondement. Si La case de l’oncle atome ne se présente pas comme un roman très complexe, il reste qu’il signale en quoi la guerre vient brouiller les informations, semer la propagande et la suspicion, suffisant amplement à répandre des rumeurs assassines. Le statut d’Einstein, ambigu à plus d’un titre, rend d’autant plus facile les embrouillaminis : Allemand ayant fui le nazisme, pacifiste en temps de guerre mais associé à la défense américaine, il ne peut que créer la confusion, qu’il le veuille ou non. Le cadre romanesque, par le biais d’une histoire d’espionnage et de contre-espionnage, reproduit une erreur (l’association entre Einstein et la bombe atomique) largement reprise et avalisée par le discours social et de nombreux textes littéraires. Chez Kaminsky, la parole d’Einstein lui-même vient rétablir la vérité.