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Newton's Darkness : Two Dramatic Views
Type de publication:
BookSource:
Imperial College Press, Londres, p.185 (2003)Texte complet:
Cet ouvrage, volontairement iconoclaste, comporte deux pièces de théâtre : « Newton’s Hooke » de Pinner et « Calculus (Newton’s Whore) » de Djerassi. Fortement orientées idéologiquement, les deux œuvres cherchent à démontrer que le génie de Newton est loin d’être sans tache. De leur propre aveu, les auteurs tentent d’explorer les côtés les plus sombres de la personnalité du savant. Chacune des pièces se concentre sur un conflit marquant de la vie intellectuelle de Newton. Nous sommes donc témoins des bras de fer qui opposeront Newton à Robert Hooke, savant que l’on surnommait le « Léonard de Londres » et à Leibniz, le plus grand mathématicien d’Allemagne.
« Newton’s Hooke » met en scène un Newton paranoïaque, obsédé, qui fait la vie dure à son entourage. On remarque toute l’ambiguïté qui entoure la relation du savant à la jeune Catherine, seul être, diront les exégètes, pour lequel Newton a de l’estime. Leurs discussions sont teintés de propos d’ordre sexuels : la jeune fille, choquée par le puritanisme du savant, n’hésite pas à lui faire des avances. Les personnages discutent tour à tour des recherches de Galilée, Descartes, Kepler. Fortement colérique, Newton ne veut en aucun cas reconnaître la contribution de Hooke à ses recherches. Les deux savants s’échangent des propos vitrioliques jusqu’au lit de mort de Hooke, où Newton se désole du peu qu’il a accompli. La deuxième pièce, « Calculus », est moins intéressante. Djerassi présente des contemporains de Newton et de Leibniz qui tentent d’incarner au théâtre les débats entre les deux hommes. Les personnages discutent beaucoup de la postérité de Newton en évoquant à quel point la vie « souillée » du savant ne correspond pas à l’image d’un héros national.
L’entreprise de discrédit des auteurs est plus ou moins réussie. En pointant constamment les recherches plus occultes de Newton sur l’alchimie, ils jugent a posteriori la pertinence de ses travaux. Malgré leur intention d’aller outre le didactisme des ouvrages habituellement publiés sur le savant, les auteurs offrent un livre manichéen et scolaire. Il reste qu’en se concentrant précisément sur ces deux conflits, Djerassi et Pinner éclairent de façon particulière l’effervescence intellectuelle qui anime l’Europe à la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècle.