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The Baroque Cycle (Tome I-II-III)
Type de publication:
BookAuteurs:
Stephenson, NealSource:
Harper Collins (2003)Texte complet:
Fresque monumentale située autour des années 1700 où apparaissent les ancêtres des personnages que nous retrouverons plus tard dans le Cryptonomicon, The Baroque Cycle peut être résumé comme une concaténation de plusieurs histoires intercalées les unes dans les autres où apparaissent Newton et Leibniz.
Le premier tome, Quicksilver, situe l’action à la fin du XVIIe siècle où nous retrouvons Newton et Leibniz au cœur de leur célèbre querelle sur la paternité du calcul différentiel. Si les deux personnages historiques n’ont pas une importance capitale dans le roman, leur présence n’est pas qu’anecdotique. Comme il le fait pour Turing dans le Cryptonomicon, Stephenson utilise des personnages historiques pour teinter son roman de vérité en s’écartant peu des biographies canoniques.
Le second tome, The Confusion, amalgame deux romans, Bonanza et Juncto. Bonanza suit les pas vagabonds et aventuriers de Shaftoe alors que Juncto suit Eliza, ainsi que Newton et Leibniz. Dans cette partie de l’ouvrage, la confrontation philosophique entre les deux hommes apparaît à travers le personnage de Waterhouse qui tente de combiner les thèses de la Monadologie avec l’atomisme de Newton à partir d’une machine (l’ancêtre fictif de l’ordinateur). C’est là que sont explicités ses recherches alchimiques, sa biographie ainsi que ses activités à la Monnaie Royale. Toutefois, le rôle de Newton dans ce second tome est assez périphérique alors que celui de Leibniz y est plus important, surtout par les explications détaillées de ses principales thèses.
Le troisième tome, The System of the World, synthétise les deux autres volumes. Il se situe presque entièrement en 1714 autour du personnage de Waterhouse. L’action principale tourne encore une fois autour de la querelle entre Leibniz et Newton. Waterhouse ira même jusqu’à essayer de provoquer une rencontre entre les deux savants, laquelle n’aura finalement pas lieu, Newton étant trop occupé par les enquêtes (authentiques) sur les contrefaçons de la monnaie. Avec le personnage de Waterhouse, Stephenson se permet de créer un lien très intéressant entre Newton et Leibniz à travers la machine à calculer de Pascal. Cette machine est présentée comme la tentative de créer un calculateur qui utiliserait les conceptions logiques de Leibniz et le savoir-faire technique de Newton. Cette relation, purement fictive, est caractéristique de la plume et de la signature particulière des romans de Stephenson.
Cette œuvre est à l’image du traitement romanesque que Stephenson donne à des personnages réels : il utilise la vérité biographique dans un cadre purement fictionnel. Comme avec Turing dans le Cryptonomicon, nous apprenons les grandes lignes des thèses explicitées d’une manière qui nous permet de distinguer ce qui est vrai de ce qui est inventé. Ce roman ambitieux est un exemple parfait du lien étroit que peuvent entretenir l’histoire et la fiction dans le but commun de transmettre des idées autant que de susciter le plaisir.