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Cette première pièce de théâtre du célèbre comédien hollywoodien Steve Martin met en scène la rencontre improbable entre les jeunes Albert Einstein et Pablo Picasso, ainsi que le fantôme anonyme d’Elvis Presley, voyageant dans le temps. Au mois d’octobre 1904, ces trois personnages illustres du vingtième siècle discutent dans un café parisien de Montmartre, le Lapin Agile, en compagnie de quelques habitués de l’endroit. Ils s’entretiennent des femmes, de leur gloire à venir et de leur génie respectif. Einstein impressionne par ses habiletés au calcul mental, alors que Picasso met de l’avant son appétit insatiable pour les femmes. La pièce se termine sur un toast, à peine ironique, au vingtième siècle.

Si l’idée est plutôt originale et prometteuse, l’écriture franchement maladroite de Martin, la prolifération de blagues qui tombent à plat, l’absence de profondeur psychologique des personnages et la multiplication des anachronismes rendent cette pièce plus irritante qu’intéressante. Les personnages d’Einstein et de Picasso apparaissent comme de jeunes génies hors du temps qui savent déjà quelle importance leur nom prendra au cours du vingtième siècle et ne peuvent que s’en féliciter à chaque réplique. De son côté, Elvis, sous le nom du « visiteur », apparaît comme un ange du futur venu inspirer Picasso en transformant un tableau de mouton en Demoiselles d’Avignon. Au centre de cette rencontre inattendue, les théories d’Einstein se réduisent au titre « vendeur » de son livre The Special Theory of Relativity et à une explication nébuleuse sur la nécessaire beauté esthétique des équations et des théories scientifiques. Le style de Martin s’apparente à celui du théâtre de l’absurde, sans les jeux de langage, ne laissant que des dialogues d’une banalité exaspérante et une trame dramatique sans queue ni tête. Il tente à quelques occasions de bouleverser les conventions théâtrales, mais ces maigres tentatives ne réussissent pas à faire de Picasso au Lapin Agile une pièce moderne ou innovatrice. Il faut toutefois ajouter que la réception critique et populaire de la pièce fut largement positive : l’humour étant une chose bien subjective, il faudra se faire une idée par soi-même. Notons tout de même que la science et la figure du scientifique jouent un rôle bien mineur dans cette pièce.