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Newton's Niece
Type de publication:
BookAuteurs:
Beaven, DerekSource:
Fourth Estate Limited, Londres, p.394 (2001)Texte complet:
Le neveu de Newton – une créature étrange, mi-garçon mi-loup – est emmené par sa mère à la résidence de Cambridge du savant, qui poursuit avec Nicholas Fatio de Duillier des recherches sur l’occultisme. Violé par de Duillier, le neveu devient l’objet d’une expérience où la pierre philosophale et le serpent Ouroboros se trouvent mystérieusement liés à leur enquête sur l’hermaphroditisme. À la suite de cette expérience, son identité change : il devient la brillante Catherine Barton, dont l’oncle, rongé par la culpabilité d’avoir transgressé les lois divines, s’occupe consciencieusement. Tout en poursuivant son instruction sous la surveillance de Newton, Catherine est tourmentée par le souci de son identité sexuelle : elle se découvre une attirance pour les femmes, mais elle n’oublie pas le viol subi avant sa transformation et cherche le moyen de sa vengeance. En profitant de l’attraction que l’ami intime du savant, l’homme politique Charles Montagu, éprouve pour elle, elle devient sa maîtresse à la condition que celui-ci l’aide à tuer de Duillier. Engagée dans une relation lesbienne avec son amie Hessy, Catherine plaide pour l’émancipation des femmes et pour leur droit à l’instruction. À la mort de Charles, elle commence à rédiger un traité sur les conditions de la libération de la femme, mais se retire peu après dans un hôpital où elle continue à vivre pendant des siècles – grâce aux bénéfices de la pierre philosophale, dont elle avait profité dès sa transformation en femme – sous le nom de Jacob.
La figure romanesque de Newton condense tous les clichés qui le caractérisent habituellement : torturé par l’incertitude de ses recherches occultistes, il est un personnage atrabilaire, asocial, dont la misogynie frise la paranoïa. Pour sa nièce, il représente, avec Charles Montagu, tout le pouvoir, à la fois patriarcal et paternaliste, dont elle veut s’affranchir. S’il a gagné le respect – et la jalousie – de ses contemporains pour la rédaction des Principia, ses recherches moins orthodoxes sur l’hermaphroditisme et l’alchimie approfondissent sa rupture avec le milieu savant et aristocratique de Londres. Cela se reflète dans sa relation souvent tendue avec sa nièce, mais sa voix tonitruante est l’arrière-fond nécessaire à l’affirmation de l’insolite personnalité de Catherine. Tout en prônant son obéissance aux lois divines, il les trahit par la transformation de l’identité de son neveu et cette démiurgie sui generis crée – de façon inattendue – les moyens d’un nouvel épanouissement pour Catherine. Newton est la figure emblématique de ce roman baroque et époustouflant qui, pour avoir laissé insuffisamment exploitées certaines scènes (l’épisode de la vengeance de Catherine, par exemple), ne séduit pas moins par sa richesse imaginative et par l’acuité à surprendre les ineffables modulations de l’ambiguïté sexuelle.