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Insignificance
Type de publication:
BookAuteurs:
Johnson, TerrySource:
The Royal Court Writers Series/nMethuen, Londres/nNew York, p.29 (1982)Mots-clés:
Albert Einstein, Joe DiMaggio, Joseph McCarthy, Marylin MonroeTexte complet:
Cette courte pièce de théâtre met en scène plusieurs personnages célèbres des années 1950, sans jamais les nommer : Albert Einstein (Professor), Joseph McCarthy (Senator), Marilyn Monroe (Actress) et Joe DiMaggio (Ballplayer). Tous les quatre se rencontrent à un tournant de leur vie, à la fin de quelque chose, à un moment de vulnérabilité. Le Professeur se sent vieux, l’actrice et le joueur de baseball ne s’entendent plus (leur mariage se termine) et le sénateur arrive à la fin de sa commission. Le professeur de 70 ans étant à New York pour témoigner devant le House Committee for UnAmerican Activities, il se trouve dans une chambre d’hôtel où le Sénateur, qui cherche quelqu’un de célèbre pour terminer sa chasse aux communistes, tente de le convaincre de « confesser » ses activités politiques. Le sénateur parti, l’actrice arrive ensuite pour connaître le célèbre professeur et, en lui expliquant la théorie de la relativité restreinte, lui prouve (ou se prouve) son intelligence malgré l’image publique qu’elle traîne comme un fardeau. Le joueur de baseball débarque enfin, à la recherche de sa femme, et finit par confesser qu’il se complait depuis toujours dans l’idiotie.
Si l’histoire peut sembler improbable, voire ridicule, la rencontre entre ces quatre célébrités s’avère plus intéressante qu’on peut le prévoir. Einstein apparaît comme un vieil homme ayant réussi à résoudre l’équation de la nature de l’univers, mais trop épuisé par le cirque médiatique et effrayé par les conséquences de ses découvertes passées, il détruit ses travaux et recommence sans cesse. L’image d’Einstein véhiculé par la pièce est bien différente de celle du scientifique excentrique et solitaire construite par les médias, c’est d’ailleurs un des thèmes principaux de la pièce : l’image publique versus la personnalité réelle. Marilyn Monroe meurt tranquillement d’être enfermée dans ce rôle uniquement physique d’archétype féminin; McCarthy tente d’apprendre le dictionnaire par cœur et croit au solipsisme, puisqu’il en est à apprendre les mots commençant par « S »; DiMaggio est absorbé par sa recherche de cartes de baseball qui le représentent dans les paquets de gomme. Tous ces personnages semblent détruits psychologiquement par la personnalité que le public leur impose et qu’ils ont accepté d’assumer trop longtemps, ils ne savent plus qui ils sont ou qui ils devraient être. Pour Einstein, la science et la politique n’ont plus de sens, tous deux menant à la destruction. Marilyn Monroe tente de rester saine d’esprit en s’éduquant, mais le fait de n’avoir pas honte de laisser New York en entier la regarder à moitié nue dans la rue semble être une limite qu’elle ne devait pas dépasser. Son mari, Joe DiMaggio ne sait plus pourquoi il joue à l’imbécile, mais sa prise de conscience est trop tardive. Finalement, Joseph McCarthy continue à être le chien de garde de la pensée politique américaine, mais sa quête d’élimination du communisme en territoire américain s’est transformée en obsession.