Rubriques
The Murder od Albert Einstein
Type de publication:
BookAuteurs:
Gitlin, ToddSource:
Farrar Straus Giroux, New York, p.297 (1992)Texte complet:
C’est dans l’univers des médias, en particulier de l’enquête journalistique télévisuelle, que nous plonge l’intrigue très particulière concoctée par Gitlin. La narratrice, Margo Ross, est une journaliste-vedette d’une émission à sensations. Au début du récit, elle éprouve des scrupules par rapport à un métier dont elle perçoit la vacuité. Elle rencontre alors un vieil ami qui lui demande son aide afin d’élucider un mystère datant de plus de trente ans : il lui révèle que de nouvelles analyses du cerveau d’Albert Einstein démontreraient qu’une grande quantité d’amphétamines se trouvent dans ses cellules cérébrales. Le savant, qui est officiellement mort à la suite d’un anévrisme, aurait-il plutôt été assassiné? Margo décide de poursuivre les recherches entamées par son ami et de convaincre le réseau de télévision pour lequel elle travaille de financer un reportage choc sur les derniers jours d’Einstein afin d’éclairer les circonstances de sa mort. Elle rencontre plusieurs personnes l’ayant connu : des scientifiques qui s’opposaient à certaines de ses idées politiques, un homme troublé qui l’avait côtoyé lorsqu’il était un jeune poète intrigué par la recherche d’une théorie unifiée de l’univers.
À travers l’enquête de la narratrice, Todd Gitlin met en relief la complexité des travaux d’Einstein et les nombreuses interprétations politiques et scientifiques qui, justifiées ou non, continuent d’être débattues aujourd’hui. Tout au long du récit, sont évoquées l’association faite entre la théorie de la relativité et la création de la première bombe atomique par le projet Manhattan et l’obsession d’Einstein de trouver une théorie unifiée de l’univers. Ses travaux sur la théorie unifiée, qui a occupé, mais sans être résolu, les trente dernières années de la vie d’Einstein, sont particulièrement remis en question par certains individus dans le roman. Par une logique paranoïaque, ils voient dans cette théorie la possibilité de créer une arme pouvant détruire l’univers entier. Bien que plusieurs personnages historiques apparaissent (par exemple Teller et Oppenheimer), les scientifiques interviewés par Margo Ross sont fictifs. Ils deviennent des incarnations de certaines attitudes distinctes par rapport à la recherche scientifique, ses impacts sociaux et politiques.
Albert Einstein est par conséquent la figure centrale du roman, même s’il n’est présent qu’à travers le discours des autres personnages. Gitlin propose également un portrait assez cynique des médias, de leur représentation de la réalité et de leur manipulation des discours. Celle-ci est au cœur des relations entre les protagonistes qui, en cherchant soit à révéler la vérité, soit à la cacher, se révèlent de manière intéressante. L’auteur semble surtout obsédé par la manipulation en général, ce qui rend l’intrigue un peu lourde, mais tout de même digne d’intérêt.