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The Einstein Project
Type de publication:
BookSource:
Dramatists Play Service Inc., New York, p.54 (2002)Mots-clés:
Albert Einstein, Clara Immerwahr, Edward Einstein, Fritz Haber, Marie Curie, Max von Laue, Otto Hahn, Walter Gerlach, Werner HeisenbergTexte complet:
Cette pièce en deux actes de Paul D’Andrea et Jon Klein présente certains épisodes de la vie d’Albert Einstein entre 1907 et 1945, mais s’intéresse de manière plus générale au groupe de physiciens allemands qui l’entourait avant son départ pour l’Amérique en 1932, à l’amitié qu’ils partageaient, puis à la méfiance qui les a divisés pendant la guerre. Ce groupe était composé de Fritz Haber, Clara Immerwahr, Werner Heinseberg, Max Von Laue, Walter Gerlach et Otto Hahn. Cette pièce raconte aussi l’histoire de la bombe atomique, du point de vue d’Einstein et des Allemands. Le rideau s’ouvre sur Einstein et son jeune fils Edward à qui il donne une leçon de logique et de courage en fonçant avec son bateau dans une tempête. À la toute fin, Edward est devenu fou et la tempête s’est transformée en bombe atomique, ou plus exactement en ses conséquences désastreuses. Entre-temps, on peut voir le parcours d’Einstein, de son poste au bureau suisse des brevets à l’écriture de sa lettre à Roosevelt lui suggérant de construire la bombe atomique, en passant par l’Uranium Club de Berlin, son prix Nobel, ses problèmes en Allemagne, puis son exil. Mais ses anciens collègues et amis se demanderont jusqu’au bout, la mort dans l’âme, emprisonnés à Farm Hall (Cambridge) par l’armée américaine, qui peut bien avoir développé cette bombe sinon Einstein, le pacifiste opposé au nationalisme. En parallèle, on peut également voir la première fission de l’atome d’uranium par Otto Hahn et sa culpabilité insupportable, la fierté de Haber après avoir découvert le gaz moutarde et le suicide de Clara Immerwahr, sa femme.
The Einstein Project est une pièce de théâtre fascinante, autant pour sa chronologique déconstruite que pour les liens que cela permet. Il ne s’agit pas d’une simple biographie, puisque la polyphonie et les raccourcis temporels utilisés dans de nombreuses scènes permettent de plonger dans l’univers mental et moral de ses hommes de génie qui ont fait la pire des découvertes au pire des moments. On comprend bien la volonté d’Einstein d’ignorer tout sentiment humain et son incapacité à tenir jusqu’au bout. Les figures de savants sont particulièrement riches et leurs découvertes scientifiques sont habilement intégrées à la fiction. On peut vraiment ressentir l’énergie incroyable qui devait les habiter dans les années 1910 et 1920, à l’époque de l’Uranium Club, où ils s’appliquaient à révolutionner la physique centenaire de Newton, mais on peut surtout ressentir leurs désarrois durant la Seconde Guerre, pris au piège entre leur travail, leurs amis, leur nation, leurs idéaux.