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La fille de Galilée
Type de publication:
BookAuteurs:
Sobel, DavaSource:
Odile Jacob, Paris, p.363 (2001)Texte complet:
À prendre sur les rayons la version française du livre de Dava Sobel, La fille de Galilée, publié chez Odile Jacob, le lecteur est convaincu d’avoir un essai entre les mains. Et pourtant, la romancière publie un livre au titre en soi romanesque, dont on a gommé dans l’édition française le sous-titre, visible sur la couverture dans l’édition originale, qui appuie cette impression générique : A Historical Memoir of Science, Faith and Love. On traverse ce livre, qui a tout de l’essai biographique, avec la curieuse impression de lire un roman raté. Ou plutôt : l’impression que l’auteure, connue jusque-là comme romancière, n’étant pas parvenue à écrire un roman, s’est rabattue sur un genre moins trouble. Sobel produit une thèse qui a tout de la fiction : réconcilier Galilée et l’Église en démontrant que le mathématicien était un bon catholique ayant le sens de la famille. Si toute biographie est interprétable, on a vraiment ici l’impression d’un personnage créé à partir de données historiques. Ce texte érudit mais tendancieux, d’une personne manifestement cultivée, provoque une agaçante impression de romance.
La fille aînée du mathématicien sert de faire-valoir pour réhabiliter Galilée auprès d’un public chrétien. L’astronome était narcissique et se moquait comme d’une guigne de sa famille? On lui invente un esprit de famille. Il s’est débarrassé de ses deux filles en les cloîtrant? C’était pour les protéger. Il a eu trois enfants hors mariage quand il enseignait à Padoue? Oublions cela, c’était un très bon catholique, fort croyant. L’église lui a fait un procès? Une série de tristes malentendus (malgré la mauvaise foi – sic – de l’Église catholique encore aujourd’hui, comme le démontre le texte sur la « réhabilitation » de Galilée en 1992). L’écriture même de ce livre, doucereuse, vise à aplanir les débats et les polémiques produites par les réflexions de Galilée sur la position des théologiens et ce qu’il faut bien nommer son combat pour défendre une méthode scientifique.