Texte complet:

Cette pièce de Willard Simms est un monologue en deux actes mettant en scène Albert Einstein. Durant l’année 1946, Einstein a 60 ans (57 en réalité) et convoque dans sa maison le public américain afin de s’expliquer et de démentir les médias qui le traitent d’agitateur communiste étranger. Pour ce faire, il raconte sa vie, en Allemagne et aux États-Unis, depuis son enfance jusqu’à l’après-guerre, alors qu’il consacre tout son temps à la recherche d’une solution au problème des champs unifiés. Sa vie nous est racontée généralement suivant l’ordre chronologique, mettant l’accent sur des souvenirs précis comme une boussole donnée par son père, la glace mangée avec son fils Edward, le harcèlement du public, alors qu’il est devenu une célébrité, le truc du veston qu’on enlève sous son manteau, les pertes de mémoire en vieillissant, etc. Le contexte de monologue où Einstein est seule dans sa maison donne une impression de solitude et d’excentricité de la part d’un homme qui a de la difficulté à vivre avec la célébrité, mais pas vraiment d’un savant qui a révolutionné la physique moderne, puisque la science n’a qu’une valeur anecdotique, au même titre que tout le reste.

Quinconque connaît minimalement Einstein n’apprendra pas grand-chose sur le savant grâce : ni sur sa vie, ni sur ses théories, ni sur ses pensées. Ce long monologue se borne à enfiler les anecdotes banales, et quelquefois amusantes, sans pour autant les mettre en perspective ou déduire quoi que ce soit sur sa personnalité ou sur les évènements historiques en cause. Les recherches biographiques faites par Simms semblent approximatives et il n’utilise aucun procédé dramatique particulièrement original ou brillant. Toutefois, il s’agit tout de même d’une pièce honnête qui, jouée par un acteur talentueux ou monté par un metteur en scène particulièrement ingénieux, pourrait sans doute être un bon divertissement ou une bonne introduction au personnage d’Einstein pour quelqu’un qui n’en aurait jamais entendu parler. Toutefois, la seule véritable originalité de cette pièce est de rectifier la vérité sur l’implication, ou plutôt la non-implication, d’Einstein dans la conception de la bombe atomique américaine. Si celui-ci est trop souvent blâmé dans les médias ou dans de nombreuses œuvres de fiction, Simms précise à de nombreuses reprises que l’implication d’Einstein a été limitée à une lettre envoyée à Roosevelt, l’encourageant à entreprendre un tel projet.