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Se pourrait-il que la mort accidentelle de Pierre Curie soit en réalité un meurtre déguisé? Et si c’est le cas, se pourrait-il que sa femme, Marie Curie, ait eu un rôle à jouer dans cette histoire? Si cela se révélait exact, le scandale pourrait provoquer des tensions sociales très fortes sous une III^e République qui se relève à peine de l’affaire Dreyfus. La droite nationaliste a mal digéré les événements récents et les preuves d’une malversation de la part d’une « étrangère » – Polonaise catholique, mais n’allant pas à l’église et peut-être juive au fond… – pourraient être de la véritable dynamite. Voilà pourquoi cette enquête délicate est confiée par le président de la République à un homme discret, Raoul Thibaut de Mézières, en qui on peut avoir pleinement confiance. Mais lui-même proche des Curie, bouleversé par la mort de Pierre quelques années plus tôt, Thibault de Mézières ne peut enquêter en toute objectivité.

Cet habile roman policier, qui intègre assez bien certains passages qui peuvent parfois s’avérer un peu didactiques, a le mérite de dresser un portrait critique assez mordant d’une France républicaine qui pourtant n’échappe pas à ses penchants aristocratiques, et pas seulement dans sa droite la plus nationaliste : mépris de classe, antisémitisme, xénophobie forment la trame de La Mort de Pierre Curie. Il révèle également l’état de la science en France et le mépris qu’elle inspire à l’époque. Si le personnage de Marie Curie n’apparaît pas beaucoup dans le roman, un riche discours la concernant et à propos de ce qu’elle représente d’ambiguë pour l’élite française transparaît. On notera également la présence d’Einstein en figurant mémorable, dont les rapports avec sa première femme ne sont pas au beau fixe.