Rubriques
Hypatie ou la fin des dieux
Type de publication:
BookAuteurs:
Marcel, JeanSource:
Leméac, Montréal, p.226 (1989)Texte complet:
Il serait ambitieux de prétendre rendre compte, en quelques lignes seulement, de la grande complexité et de l’érudition de ce roman de Jean Marcel, le premier de son « Triptyque des temps perdus ». Ce livre extrêmement riche, dont la construction narrative juxtaposent nombre de temporalités historiques, fait de la savante Hypatie le pivot d’un récit qui questionne le rapport à la connaissance, à la religion et, d’une manière plus allusive, à la science alors appelée « philosophie ».
Le récit, qui tente de reconstituer une mémoire fragmentée, se compose d’une série de lettres écrites à des époques bien différentes. Après un prologue captivant qui plonge le lecteur dans un Sinaï intemporel où se côtoient de façon onirique les prophètes de la Torah et les religieux du monastère Sainte-Catherine, Marcel nous propose des fragments de la correspondance entre Hypatie et Synésios de Cyrène, son disciple le plus connu. Le centre du roman est occupé par une lettre d’un moine bollandiste du XXe siècle qui se questionne sur des problèmes d’hagiographie propre à l’Égypte du début de notre ère. Le roman se termine avec des textes d’Évoptios et de Palladas qui réfléchissent, chacun à leur manière, à la pérennité des enseignements d’Hypatie.
Destiné à un lectorat averti, la fresque peinte par Marcel porte son titre à merveille; elle transporte, en effet, le lecteur dans un temps qui témoigne d’une véritable « fin des dieux ». Pris entre une culture hellénistique affaiblie et la montée d’un christianisme fort de la récente conversion de l’Empereur Constantin 1er, les personnages tentent de préserver leurs traditions dans un monde bouleversé par des changements historiques radicaux.