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Inherit the Wind
Type de publication:
Book ChapterSource:
Plays on a Human Theme, The Ryerson Press, Toronto, p.125-201 (1967)Mots-clés:
Charles DarwinTexte complet:
En 1925, dans la petite ville de Dayton, Tennessee, John T. Scopes, un jeune professeur de l’école secondaire publique, a été poursuivi par l’état du Tennessee pour avoir enfreint le Butler Act, une loi adoptée quelques mois plus tôt qui interdisait l’enseignement de toute théorie qui n’est pas le créationnisme dans les écoles publiques et prohibait en particulier le darwinisme. Ce procès fut médiatisé sous le nom de « Scopes Monkey Trial ». C’est à partir de cet évènement historique que Jerome Lawrence et Robert E. Lee ont imaginé leur pièce de théâtre « Inherit the Wind » qui raconte dans les grandes lignes le procès et imagine les dialogues et l’atmosphère qui devait régner. Dans la petite ville fictive de Hillsboro, Scopes est devenu Bertram Cates, le procureur William Jennings Bryan, religieux fervent et trois fois candidat à la présidence, devient Matthew Harrison Brady et Clarence Darrow, le célèbre avocat-criminaliste, est nommé Henry Drummond. Sur scène, les habitants très croyants et pratiquants de la « Buckle of the bible belt » accueillent en héros le procureur et politicien Brady qui les défendra contre celui qui est devenu un des pires ennemis de la société : le jeune professeur, complètement dépassé par les évènements, qui a perverti leurs enfants. Le cirque s’installe en ville et le procès commence. Les affrontements entre Brady et Drummond sont de grandes joutes oratoires dans le but de gagner (ou conserver) les faveurs du public. Le juge ayant refusé tout témoignage de scientifiques à propos du darwinisme, Drummond est contraint de jouer sa dernière carte et appelle Brady lui-même à la barre en tant que spécialiste de la bible. Il réussit finalement à s’attirer les faveurs populaires lorsqu’il transforme Brady en faux prophète maniaque qui croit que Dieu s’adresse directement à lui, et à personne d’autre, pour lui confier la vérité. Cates est finalement déclaré coupable, mais sa condamnation se limite à une amende de 100$, un échec monumental pour le grand Brady qui meurt à sa sortie du tribunal, incapable de supporter l’émotion d’avoir perdu les faveurs d’une des villes les plus religieuses d’Amérique.
Cette pièce, qui fit également l’objet d’un film avec Spencer Tracy en 1960, est fort pertinente dans la mesure où elle explore les conséquences sociales, politiques, juridiques et théologiques des théories de Darwin. Elle montre bien qu’une découverte scientifique importante peut bouleverser la vie de milliers de gens qui ne sont même pas en mesure de la comprendre. Charles Darwin n’est incarné par aucun personnage dans la pièce et ses théories ne sont pas vraiment énoncées en tant que telles, les auteurs ayant décidé de s’intéresser plus précisément à la difficile cohabitation de la religion et de la science au début du XXe siècle. Toutefois, les écrits du naturaliste anglais sont bel et bien au centre du débat : comment l’Homme, après plusieurs milliers d’années de créationnisme, peut-il admettre qu’il n’est pas une créature divine, mais plutôt le descendant d’un singe venu d’Afrique? Les preuves rationnelles et scientifiques les plus solides ne suffisent pas souvent.