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Confessing a Murder
Type de publication:
BookAuteurs:
Drayson, NicolasSource:
Norton & Company, New York, p.280 (2002)Texte complet:
Rappelant un procédé narratif fréquent dans le roman du XVIIIe siècle, Confessing a Murder s’ouvre avec une longue introduction qui présente le livre comme un document authentique. L’éditeur a fait l’édition critique d’un manuscrit dont l’auteur n’a pu être identifié et décrit une île où il aurait découvert une faune et une flore tout à fait originales. L’équipe scientifique chargée de l’étude du document a d’abord cru à un canular, avant de constater l’existence d’une île volcanique au XIXe, disparue lors d’une éruption, qui pourrait être celle décrite dans le manuscrit. De plus, de nombreuses allusions à des naturalistes du XIXe – à commencer par Charles Darwin, dont l’auteur aurait été un proche – tendent à donner de la crédibilité au manuscrit. L’histoire racontée expliquerait, entre autres, le conflit que Darwin aurait éprouvé entre ses convictions religieuses et l’émergence de sa théorie de l’évolution.
La rhétorique scientifique employée lors de ces premières pages (précisions méthodologiques, références présentées de manière méticuleuses, etc.) accrédite d’abord l’idée que le lecteur se trouve devant un document authentique. Cet « effet générique » rend d’autant plus passionnante la lecture du livre qui propose une réflexion sur la théorie de l’évolution. Car l’auteur, entre deux explications sur les particularités intrinsèques propres à tel ou tel oiseau ou scarabée sur son île, remonte dans le passé et raconte sa vie, qui croise celle de Darwin. C’est lui, le narrateur, qui aurait pensé le premier les bases de la théorie de l’origine des espèces, que Darwin, homme très religieux, publiera finalement à son corps défendant, conscient des bouleversements épistémologiques provoqués par son ouvrage.
Les tensions dramatiques, les hasards, les débats animés, parviennent à recréer la dimension propre à toute grande découverte scientifique que le commun des mortels tend à ramener à un travail neutre et purement objectif. En offrant un livre scientifiquement plausible mais non vérifiable, Drayson se sert de la fiction pour montrer comment fonctionne la science (ou du moins propose une manière de recherche scientifique). En faisant de la vie du narrateur un imbroglio généalogique lié à la famille de Darwin, il joue ironiquement, au deuxième degré, sur la théorie de l’évolution.