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La Théorie des cordes
Type de publication:
BookAuteurs:
Somoza, José CarlosSource:
Actes Sud, Paris, p.515 (2007)Texte complet:
Élisa Robledo, professeur de physique à l’université Alighieri de Madrid, cache un terrible secret : sa participation à une expérience de physique effectuée dix ans plus tôt avec un groupe de chercheurs. Cette expérience trouve ses fondements dans les travaux du professeur David Blanes et de sa théorie du Séquoia, qui pose l’hypothèse que les cordes quantiques de temps possèdent une fin sans, paradoxalement, avoir d’extrémités : enroulées comme les cercles d’un tronc d’arbre, elles contiendraient, par l’intermédiaire de l’intervalle de Planck (le plus petit intervalle de temps quantique), le passé, comme s’il s’agissait d’un enregistrement vidéo. L’expérience nommée le projet Zigzag consiste donc à contempler ce passé, dans tout ce qu’il a de plus angoissant. Mais tout bascule, lorsqu’un accident se produit. Les membres terrorisés de l’équipe sont alors massacrés un à un par une entité inconnue, figée dans une corde de temps. Cette ombre maléfique qui les traque semble être issue d’un passé récent et pourrait bien être le dédoublement de l’un des scientifiques du projet…
La Théorie des cordes de José Carlos Somoza, publié en espagnol sous le titre Zigzag, est un excellent roman qui oscille entre science-fiction dure et fantastique et qui traite singulièrement de l’espace-temps, à la fois littéraire et scientifique. La physique quantique y est d’ailleurs le moteur d’une intrigue qui plonge lentement le lecteur dans un récit d’horreur aux proportions lovecraftiennes. Située dans un futur proche (2015), la diégèse est ponctuée de sauts dans le temps et d’indices explicites qui laissent entrevoir le drame à venir. La riche hybridation langagière, amalgame du formalisme de la physique quantique (souvent agrémentée de schémas) et du superbe style de Somoza (du moins, dans sa traduction française par Marianne Million), confère un réalisme au récit qui fait habilement contrepoids à sa dimension surnaturelle. Bien qu’ils ne jouent pas de rôle prépondérant, quelques savants apparaissent dans le roman, notamment Stephen Hawking, invité dans le cours donné par le fictif David Blanes. Plusieurs physiciens (Feynman, Heisenberg, Fermi, Bohr, Newton, Einstein, Euclide ou Pythagore, par exemple) sont également évoqués dans les explications théoriques, mais aucun d’entre eux n’est personnifié.