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The Darwin Conspiracy
Type de publication:
BookAuteurs:
Darnton, JohnSource:
Alfred A. Knopf, New York, p.320 (2005)Texte complet:
Le point central de ce roman, construit sur trois plans narratifs, est le déchiffrement des mystérieuses circonstances de l’élaboration des fondements de l’évolutionnisme. Deux jeunes chercheurs, Hugh et Elisabeth – descendante d’Elisabeth Darwin, fille négligée et marginalisée –, découvrent dans le journal de cette aïeule que la santé précaire du savant et son isolement social tiraient leur origine dans les soupçons qui entouraient la paternité véritable de la théorie de l’évolutionnisme. Dans ce journal, la fille de Darwin relate sa quête de la vérité à propos de son père, notamment sa rencontre avec Robert FitzRoy, ancien capitaine du célèbre Beagle. Ses résultats convergent d’ailleurs avec ceux des deux jeunes chercheurs du XXe siècle : l’évolutionnisme était en fait une gnose soutenue par le chef d’une tribu de l’Amérique du Sud, dont le célèbre Jemmy Button, un des autochtones ramenés en Europe, était originaire. Darwin et son vieil adversaire McCormick auraient donc été – avec d’autres membres de l’expédition – les témoins de l’impressionnant exposé sur la courbe évolutive du monde naturel fait par le vieux sage. Puisque McCormick est mort peu après cette fulgurante rencontre, Darwin se serait approprié les idées du chef, les appuyant de ses propres observations sur l’interaction du monde animal avec son milieu. Ainsi, à travers les passages qui rapportent les notes de sa fille et ceux qui tracent plus directement le portrait d’un Darwin obsédé par sa propre hypocrisie, le long intervalle de temps qui a séparé, dans la réalité, le voyage du Beagle et la publication de ses théories alimente les doutes quant à l’honnêteté intellectuelle du savant britannique.
Écrit avec une certaine habileté à cultiver le suspens, le roman de Darnton fait partie de cette vague de fictions policières qui spéculent sur les zones d’ombre des biographies d’hommes célèbres, dont l’exemple le plus spectaculaire est sans doute le Da Vinci Code de Dan Brown. Se contentant souvent de la simple exposition des faits, sans pour autant manquer de subtilité dans la construction de ses personnages, Darnton propose un double statut du discours évolutionniste : un monisme archaïque tenant lieu d’expérience mystique et un ensemble d’énoncés soumis à la méthode scientifique. C’est par l’opportunisme du savant que l’évolutionnisme bascule du statut de jeune religion à celui de nouveau paradigme scientifique, glissement qui assure la dose de mystère nécessaire à ce genre de roman. Dans un style correct, l’auteur maintient constamment le doute quant à la véracité des informations historiques qui ponctuent le texte. Sans être un grand roman, on imagine bien la production hollywoodienne qui suivra sans doute.