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Le seigneur d'Uranie
Type de publication:
BookAuteurs:
Combaz, ChristianSource:
Flammarion, Paris, p.338 (1999)Texte complet:
Dans ce roman, l’histoire des dernières années de la vie Brahé est relatée par son fidèle serviteur, Jeppe, nain difforme à la mémoire phénoménale. Brahé y est dépeint comme un tyran intellectuel, dominateur, violent, puissant mais dépendant d’un mécénat qui se targue d’être responsable des succès qu’il rencontrera. Cette tension entre le scientifique et ceux qui l’entretenait constitue un des fils conducteur du roman car il illustre une pratique répandue à cette époque, à savoir que les scientifiques devaient sans cesse courtiser la noblesse pour pouvoir poursuivre sérieusement leurs recherches.
Sera aussi relevée l’importante difficulté de postuler des thèses qui vont à l’encontre des dogmes religieux et, par extension, du pouvoir politique, principal mécène. Ce poids du pouvoir, doublé d’un cadre institutionnel contraignant, aura freiné l’avancement de la science.
L’intérêt tient à la mise en scène des efforts déployés pour promulguer des thèses alors inacceptables. Il semble que ce soit une belle façon de ridiculiser le pouvoir religieux, marqué par l’obscurantisme et l’ignorance. Brahé, et entre autres Kepler que nous croisons aussi, font ici figures d’opposants au pouvoir établi qui, tant que les découvertes scientifiques pourront les servir, appuieront paradoxalement les idées nouvelles. Brahé apparaît comme celui qui se sera intelligemment servi du mécénat, tout en le ridiculisant secrètement, en obtenant des subventions pour des recherches hérétiques.
Roman sur la difficulté d’être un scientifique à cette époque, Le Seigneur d’Uranie traite aussi de l’importance, relative bien sûr, du mensonge dans l’histoire des sciences. Plus qu’à n’importe quelle autre moment de l’histoire, à la Renaissance la vérité n’était pas toujours bonne à dire, et c’est pour cela que nombre des thèses et des opinions furent révélées à titre posthume. Leçon sur le courage d’aller jusqu’au bout de ses convictions et de ses connaissances, ce roman s’attarde à cette question particulière.