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The Cambridge Quintet : A Work of Scientific Speculation
Type de publication:
BookAuteurs:
Casti, John L.Source:
Helix Books Addison-Wesley, Londres Reading, MA, p.181 (1998)Mots-clés:
Alan Turing, C. P. Snow, Erwin Schr, J. B. S. Haldane, Ludwig Wittgenstein, ödingerTexte complet:
Ce texte de John Casti, qu’il nomme lui-même une fiction scientifique, relate un souper fictif où C. P. Snow aurait invité Alan Turing, J. B. S. Haldane, Erwin Schrödinger et Ludwig Wittgenstein à discuter de la possibilité technique et philosophique de construire une machine qui penserait de la même manière qu’un être humain. Son but est de réunir les savants les plus brillants de l’époque, de les faire discuter et d’en tirer un rapport pour le ministre de la Défense. Le livre est structuré comme un repas anglais de six services (chapitres) en suivant les étapes du raisonnement qui jalonnent leur discussion ou démonstration. Snow joue à l’animateur, Turing tente de défendre son projet de Turing machine, Wittgenstein défend avec force et un peu de mauvaise fois sa position quant à l’impossibilité d’un tel projet, tandis que les autres se retrouvent pris entre les deux pôles, oscillant selon les arguments.
Les idées de base de Casti ne sont pas mauvaises : introduire de la véritable science dans la fiction et retourner aux racines de la question techno-philosophique toujours d’actualité de l’intelligence artificielle. Si l’entreprise est louable, le résultat est pour le moins décevant. La prose de Casti est naïve et simpliste, au mieux, et la littérarité de son œuvre est pour le moins discutable. La structure narrative se limitant à la description des plats qui arrivent sur la table des invités, l’exposé scientifique et philosophique, qui s’étend sur 180 pages, ne semble pas avoir d’autres buts que le didactisme. Les explications et les raisonnements sont clairs et compréhensibles de tous, mais ils n’intéresseront sans doute personne qui ne s’y intéresse déjà. La forme de l’essai aurait sans doute été beaucoup plus appropriée à un tel discours. Toutefois, il faut admettre qu’il n’est pas inintéressant d’assister à un combat d’idées et de visions du monde entre des hommes de science aussi importants, mais si peu présents en littérature, même si on en apprend malheureusement très peu sur eux. Casti semble vouloir prouver qu’il est possible de réunir les deux cultures, science et humanité, telles que définies par Snow lui-même, mais y arrive très mal : les scientifiques restent sur leur position du début, tout comme le philosophe.