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Darwin in Malibu
Type de publication:
BookAuteurs:
Whittell, CrispinSource:
Methuen Drama, Londres, p.71 (2003)Mots-clés:
Charles Darwin, Samuel Wilberforce, Thomas HuxleyTexte complet:
Cette pièce de théâtre de Crispin Whittell débute sur une plage de Malibu, alors que Charles Darwin, mort depuis 120 ans, boit un milkshake et lit un roman érotique de plage, Malibu de Pat Booth, en compagnie d’une jeune femme de 18 ans nommée Sarah. Le découvreur de l’évolutionnisme n’a pas la tête à réinventer la science : « Who needs evolution when you have plastic surgery ? » Rejoint par un ancien ami et collègue, Thomas Huxley, Darwin discute les pieds dans le sable de la découverte de la molécule d’ADN par Watson et Crick, de la publication de The Origin of Species et de sa réception toujours controversée. Les deux amis sont finalement rejoints par Samuel Wilberforce, évêque d’Oxford, avec qui Huxley a eu un célèbre débat en 1860 au Musée d’histoire naturelle de l’Université d’Oxford, à propos des théories de Darwin. Alors que Wilberforce est désespéré de n’être pas au paradis et que Huxley s’en veut toujours pour la mort de sa fille, Darwin n’est pas très prompt à défendre ses idées. Le débat, qui s’installe rapidement, entre l’agnostique Huxley et Wilberforce concerne surtout la religion et la théorie de l’évolution, alors que Darwin ne semble pas convaincu que la vérité scientifique vaut mieux que la foi religieuse. Cette pièce ne s’intéresse ni aux détails biographiques de la vie de Darwin ni à l’aspect scientifique de la théorie de l’évolution, mais bien aux conséquences psychologiques et philosophiques de la « mort » de Dieu, provoquée par le darwinisme.
Le contexte et le décor auraient pu rendre cette pièce franchement ridicule, mais elle ne l’est jamais, du moins sur papier. L’auteur joue beaucoup sur l’incertitude dans laquelle se retrouvent les personnages : où sont-ils et quand sont-ils ? La présence de Sarah, qui paraît bien vivante, réfute la théorie du purgatoire ou du paradis, du moins jusqu’au moment où l’on apprend qu’elle est bien morte, comme les autres. Ils sont donc dans un lieu indéterminé pour un temps inconnu, chacun prit avec ses regrets et ses remords. Si elle apparaît remplie de clichés au premier abord, cette pièce est étonnante de subtilité et de profondeur, tout en étant imaginative et facile d’accès. Whittell arrive à actualiser et renouveler le débat qui entoure les théories de Darwin en déplaçant ses personnages dans un contexte inattendu et en utilisant certaines stratégies du fantastique.