Rubriques
Breaking the Code
Type de publication:
BookAuteurs:
Whitemore, HighSource:
Samuel French, Inc., New York Hollywood, p.114 (1987)Mots-clés:
Alan Turing, Dillwyn KnoxTexte complet:
Cette pièce de théâtre de Hugh Whitemore est basée sur la biographie d’Alan Turing, Alan Turing : The Enigma, écrite pas Andrew Hodges. Elle raconte, dans le désordre, la vie du mathématicien en mettant l’accent sur trois époques importantes de sa vie. Alors qu’il a 17 ans, Alan Turing présente à sa mère Christopher Morcom, son premier amour, qui mourra quelques années plus tard de tuberculose, bouleversant pour toujours le jeune mathématicien. Ses travaux à venir sur le cerveau-machine auraient d’ailleurs été motivés par cette mort et l’idée qu’un cerveau puisse survivre au corps. Dans un deuxième temps, Turing a 30 ans. Un certain Dillwyn Knox, spécialiste du cryptage pour le gouvernement britannique, l’engage à Bletchley Park pour résoudre le code de l’Enigma, machine allemande à encoder les messages. En réussissant ce tour de force, Turing et sa collègue, Pat Green, permettent à l’Angleterre de remporter la guerre. C’est d’ailleurs à Bletchley Park qu’il développe les circuits électroniques de la « Turing Machine ». La troisième époque importante de sa vie, qui tient d’ailleurs une place considérable dans la pièce, est la fin de sa vie, alors qu’il a 40 ans. À la suite d’un cambriolage, Turing déclare à la police être homosexuel, ce qui le mène en prison et en court, où il est condamné pour grossière indécence à une thérapie hormonale à l’œstrogène. Son homosexualité ayant été révélée publiquement, les services secrets commencent alors à le harceler, de peur qu’il ne dévoile des secrets d’État sur l’oreiller. À cette époque, il travaille à l’Université de Manchester, utilisant la « machine universelle » de son invention pour étudier l’embryologie. Cette époque tourmentée de sa vie se termine d’ailleurs par son suicide par ingestion de cyanure.
La pièce Breaking the Code est divisée en deux actes. Le premier est composé de scènes éparses des trois époques de la vie de Turing, alors que le deuxième se concentre sur la fin de sa vie de façon presque chronologique. Très bien écrite, cette pièce permet de comprendre qui était Turing et ce qui le motivait. Les brefs survols de ses théories limitent le didactisme et les épisodes de sa vie qui ont été sélectionnés apparaissent tous pertinents. Deux grands aspects de la vie de Turing semblent avoir déterminé cette sélection : son travail sur l’Enigma durant la guerre et son homosexualité. Un dialogue entre Knox et Turing résume bien la vie de ce dernier : « TURING All that matters is the work we do. Differences of attitude, differences of personality, shouldn’t come into it. KNOX They shoudn’t but they do. » Turing s’est battu toute sa vie pour faire son travail simplement, mais la vie s’est toujours interposée : les militaires et leurs règles, la répression de l’homosexualité en Angleterre dans les années 1940, son excentricité et sa difficile intégration sociale. Knox fait également une remarque intéressante lors de cette conversation : « I’ve come to the conclusion that the old cliché about eccentric artists in inaccurate. Scientists carry eccentricity to far greater lengths. » Ce parallèle entre les artistes et les scientifiques est intéressant au point de vue de la construction de la figure du savant, puisqu’il place les deux groupes dans la marge de la société et les définit comme ne pouvant se plier aux conventions sociales. Cette incapacité tient peut-être au fait que l’imagination est une partie essentielle de leur travail respectif.