Rubriques
After Darwin
Type de publication:
BookAuteurs:
Wertenbaker, TimberlakeSource:
Faber and Faber, Londres, p.73 (1998)Mots-clés:
Charles Darwin, Robert FitzroyTexte complet:
After Darwin met en scène une équipe de production théâtrale (acteurs, metteure en scène et dramaturge) qui répète une pièce de théâtre sur Charles Darwin et sa relation à Robert FitzRoy, capitaine du Beagle. Les scènes alternent donc entre le travail de mise en scène en 1998 et les rencontres entre Darwin et FitzRoy entre 1830 et 1865. C’est tout particulièrement les observations dans les Galapagos et le débat religieux qui ont mené à la publication de The Origin of Species qui retiennent l’attention dans la vie du célèbre naturaliste. Si la pièce n’explique pas clairement la théorie de la sélection naturelle, elle l’a met plutôt en scène dans la seconde trame dramatique. La troupe qui apparaît sur scène étant composée d’un dramaturge afro-américain, d’une metteure en scène bulgare et d’un jeune acteur gai anglais aux ambitions hollywoodiennes, ils pratiquent littéralement la sélection naturelle afin de survivre dans le milieu de l’industrie culturelle. Pour certains, tous les coups sont permis, pour d’autres, l’éthique doit être préservée à tout prix.
Bien que le personnage de Charles Darwin prenne une place importante dans cette pièce et qu’on y apprend des détails de sa vie, sa découverte et sa vision de la religion et de la science, les scènes dans lesquelles il est présent sont aussi excitantes et surprenantes qu’un résumé biographique dans un traité historique. Quiconque connaît un peu Darwin et son histoire n’y apprendra rien et le débat religieux, qui pourrait rendre la pièce pertinente, semble tellement dépassé qu’on se croirait à l’époque de Galilée. D’un autre côté, les scènes contemporaines semblent ne s’inquiéter que d’être contemporaines et d’inclure des minorités en traitant de leurs problèmes respectifs sur le mode de la sélection naturelle. On a l’impression d’être devant un mauvais téléroman : le jeune acteur gai, ambitieux et superficiel propose de se marier à la metteure en scène bulgare qui pourrait être déportée, l’autre acteur, amoureux et jaloux, qui doit trimbaler le tamagotchi de sa nièce, se venge en envoyant un courriel dénonçant la (fausse) séropositivité de l’acteur gai, etc. Si l’idée de mettre en scène les artifices du théâtre peut sembler être une tentative d’innovation, très peu de choses en ressortent sinon une morale du genre : dans le monde du spectacle, il vaut mieux être gentil et perdre, plutôt que d’être fort et de gagner. Une application bien peu subtile et bien peu pertinente des théories darwiniennes.