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Le dossier Oppenheimer
Type de publication:
BookAuteurs:
Vilar, JeanSource:
Gonthier, Genève, p.125 (1965)Texte complet:
Cette pièce de théâtre reprend le procès (masqué sous le terme d’« enquête ») intenté au physicien Robert Oppenheimer en 1954. On l’accusait, d’une part, d’avoir émis de nombreuses réserves à l’égard du développement de la bombe à hydrogène, d’autre part d’avoir entretenu des liens étroits avec de nombreux membres du Parti communiste et d’être un danger, sinon un traître, pour la Sécurité nationale. Malgré le soutien de nombreux physiciens qui défendaient sa réputation, la Commission d’enquête décida, à deux voix contre une, qu’un doute raisonnable subsistait à l’égard de la loyauté de Robert Oppenheimer. En conséquence de quoi, on lui refusait dorénavant le certificat de sécurité, ce qui signifiait que cet ancien responsable de la création de la bombe atomique et président du Comité consultatif de la Commission de l’Énergie atomique était dorénavant relevé de toutes ses fonctions officielles et déclaré indésirable dans tous les postes donnant accès aux secrets militaires.
La pièce de Vilar est d’un intérêt d’abord didactique. Comme vient l’affirmer sur scène un acteur de la troupe vers la fin de la pièce, de manière très brechtienne, « Ceci n’est pas une fiction ». En effet, la pièce d’un peu plus de deux heures fait une synthèse des trois semaines d’audience de la Commission (une centaine d’heures au total). Ainsi, pour quelqu’un qui veut s’initier, de l’intérieur en quelque sorte, aux travaux de cette Commission, cette pièce a un indéniable intérêt. Il reste que le texte est passablement austère. Si le choix des témoins, pour le besoin de la pièce, permet de faire la lumière sur la complexité de la personnalité de l’accusé, on peut légitimement s’interroger sur certaines absences (par exemple sur celle de la femme de Robert Oppenheimer, venue témoigner lors de l’enquête et qui aurait pu ajouter une charge dramatique à la pièce). Par ailleurs, les quelques mentions de l’affaire Chevalier – Oppenheimer avait faussement accusé cet ami pour protéger quelqu’un d’autre dans les années quarante – demeure elliptiques et ne l’éclairent pas davantage. Le livre est complété par quelques documents, notamment des extraits de la presse.