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L'astronome qui trouva Dieu
Type de publication:
BookAuteurs:
Brod, MaxSource:
Éditions du Siècle, Paris, p.248 (1932)Texte complet:
Avec une histoire d’amour tortueuse, un décor campé dans un château médiéval et un savant qui cherche absolument à trouver Dieu, le récit de Max Brod a toutes les allures d’une tragédie shakespearienne. Si l’intrigue tourne principalement autour des aventures d’Élizabeth, fille de Brahé, et de Tengnagel, son fiancé, on se rend vite compte que les véritables enjeux du roman se situent à un tout autre niveau : il s’agit d’opposer les personnages de Brahé et de Kepler, différents à tous égards si ce n’est leur profession. À vrai dire, même si toute la mythologie entourant Brahé est représentée (l’observatoire lugubre, le nez d’or, le serviteur nain), même si l’astronome danois fait figure de personnage principal, c’est la figure de Kepler qui sert d’embrayeur au récit. Dès son arrivée à l’observatoire praguois de Brahé, le jeune savant allemand est à la fois sceptique et impressionné par la rencontre de cet astrologue réputé pour être un grand observateur du ciel. Cependant, malgré son statut d’assistant, c’est autour de sa personne que se crée une aura : Brahé, nostalgique de sa gloire passée sur l’Île de Hveen, se sent invincible auprès du jeune savant auquel il voue une admiration sans borne. L’homme au nez d’or, fasciné par son dauphin, va même jusqu’à le considérer comme un prophète. Kepler, pour sa part, paraît incommodé par les conflits de sa famille d’accueil. À la fin du récit, après trahisons et insurrections de toute sorte, c’est un Tycho Brahé épris de grandes questions métaphysiques que l’auteur donne à voir. Une fois de plus, le scientifique apparaît comme un illuminé dont le système du monde ne peut susciter l’adhésion d’un esprit mathématique comme celui de Kepler. Déçu, Brahé invite sans succès son assistant à abandonner la doctrine de Copernic pour la sienne.
Sans être un chef-d’œuvre de la littérature, ce roman de Max Brod se lit avec plaisir et intérêt. Si l’auteur oppose constamment les deux savants, il parvient, dans la scène finale où Brahé, sur son lit de mort, recommande à l’Empereur de nommer Kepler au rang de premier mathématicien du royaume, à confirmer la filiation entre les deux astronomes.