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Parution de « L'imaginaire de l'être artificiel »
L'anthologie L'imaginaire de l'être artificiel préparée par Jean-François Chassay vient de paraître dans la collection Approches de l'imaginaire aux PUQ. Elle comporte une sélection de textes de Annie Amartin-Serin, Bernard Andrieu, Jean-Claude Beaune, Jean-Michel Besnier, Roger Bozzetto, Philippe Breton, Maxime Coulombe, Ollivier Dyens, Michel Faucheux, Sheryl N. Hamilton, Bertrand Jordan, Pascal Picq, Michel Pierssens, Michel de Pracontal et James Watson.
Au début des années 1980, Jean-François Lyotard proclamait la fin des grands récits. Il en existe au moins un qui perdure encore. Il s’agit de la volonté, persistante chez l’espèce humaine, de créer un être à son image. Curiosité intellectuelle et scientifique s’interdisant d’imposer des frontières au savoir, fantasme de volonté de puissance visant à prendre la place de Dieu, fascination pour la figure du double : ces questions traversent ce qu’on pourrait nommer l’imaginaire de l’être artificiel. Cet imaginaire joue un rôle central dans la fiction, mais aussi dans le discours social, provoquant des espoirs exaltants aussi bien que des craintes nombreuses. À partir d’une série de textes issus de différentes disciplines, cette anthologie aborde une question riche : comment s’élabore ce grand mythe qui traverse notre culture et consiste, du golem jusqu’aux créations virtuelles, des automates du XVIIIe siècle aux ordinateurs contemporains, à vouloir fabriquer un être artificiel capable de réfléchir, à l’image de l’être humain ? De l’Antiquité aux théories contemporaines portant sur « l’intelligence artificielle » et « l’être informationnel », sa présence est constante et conserve toujours un puissant pouvoir d’évocation. Intéressants à plus d’un titre, ces récits sur les créatures artificielles – qui traversent la fiction littéraire comme la science, la politique comme la théologie, la philosophie comme l’art – permettent de réfléchir sur la définition même de l’être humain. On pourrait ainsi dire que ces êtres modelés à l’image de l’Homme servent de miroir et viennent déstabiliser, par le biais de la technologie, la définition du Sujet. Créés sur le mode de l’imitation, ils obligent en retour l’individu à se repenser. Des automates forgés par Hephaïstos dans la mythologie jusqu’aux contours flous du clone que pourrait produire la génétique contemporaine : l’ouvrage remonte le cours d’une longue histoire.